Lorsqu’on s’installe en Norvège, il peut être difficile de tisser des liens avec les habitants. Après avoir passé quasiment une année à Tromsø, je ne me suis faite qu’un seul ami norvégien, et c’est mon gros regret. Dans cet article, je partage toute mon expérience et je vous donne des conseils pour vous aider à vous intégrer et mettre toutes les chances de votre côté pour créer des liens durables avec les norvégiens !
On m’avait pourtant prévenue !
Lors de ma semaine d’intégration à l’UiT (Universitetet i Tromsø), une étudiante norvégienne nous a mis en garde. Elle nous a raconté son expérience d’échange universitaire Erasmus en Amérique du Sud, où elle avait été agréablement surprise par l’ouverture des gens et la facilité avec laquelle elle avait été intégrée et avait lié des relations amicales durables.
Le but de son discours ? Nous avertir qu’en Norvège, les codes sociaux sont différents, que ce serait donc une autre paire de manches et qu’elle le regrettait sincèrement pour nous.
Mon expérience personnelle mi figue mi raisin
Je ne me suis pas plus préoccupée que ça de cet avertissement car je parlais déjà bien norvégien, et je croyais honnêtement que cela ferait toute la différence en facilitant mon intégration.
Spoiler alert : j’avais tort et juste avant mon retour en France, j’ai commencé à me poser des questions :
– Était-ce de ma faute si je ne m’étais pas liée à des norvégiens ?
– Ne m’étais-je pas montrée suffisamment sociable ?
– N’avais-je pas fait assez d’efforts ?
– Étais-je trop restée avec mes nouveaux amis francophones ?
– Ou est-ce que les norvégiens étaient trop fermés aux nouvelles rencontres ?
Les réponses sont : oui et non.
Puisqu’il s’agissait d’une année d’échange universitaire, je me suis retrouvée à côtoyer beaucoup de français et d’internationaux. Cette première expérience à l’étranger étant si particulière, toutes les nationalités sont généralement très ouvertes aux rencontres et aux nouvelles expériences. Mais c’était comme si notre « communauté » vivait en parallèle des norvégiens. On les voyait, on les croisait, mais nos chemins ne se mêlaient pas. Pourtant, nous vivions dans une résidence où ils vivaient également et des soirées étaient organisées chaque semaine dans une salle commune où tout le monde était le bienvenu ! Hormis mon ami, ils ne sont jamais venus.
Au premier semestre je pensais que mes deux colocs norvégiens avec qui je m’entendais super bien seraient ma porte d’entrée dans ce monde ! Ça paraîtrait plutôt logique, non ?
Eh bien, ce ne fut pas le cas. Et quand je l’ai compris, après plusieurs mois, je l’avoue, j’ai baissé les bras.
Ils invitaient leurs amis chez nous, on discutait de tout et de rien, on jouait aux cartes, on riait, on dînait même tous ensemble mais globalement, une fois la porte d’entrée franchie sur le monde extérieur, on redevenait des étrangers.
Pourquoi est-ce si difficile de se faire des amis norvégiens ?
Raison n°1 : les norvégiens compartimentent fortement leurs différentes relations.
Les norvégiens classent leurs relations en des catégories bien distinctes. Il y a la boîte « collègues », la boîte « amis d’enfance », la boîte « famille », la boîte « amis de fac » etc. Et dans le domaine des relations sociales les norvégiens sont maniaques : les différents cercles de ces catégories sont rarement mélangés.
Donc, moi qui étais dans la boîte « coloc sympa », je pouvais toujours attendre d’être intégrée à la boîte « ami(e)s de Tromsø » ou même d’être surclassée à la boîte « ami(e)s » ! C’est pour ça que les amis de mes colocs, je ne les voyais que chez moi.
Raison n°2 (selon moi) : la taille du pays
Avec une population totale de seulement 5,5 millions d’habitants, la Norvège est un petit pays où, souvent, les gens forment leur cercle d’amis dans l’enfance et les conservent tout au long de leur vie. Du coup, forcément, c’est dur de s’y faire une place, petits expats tout frais que nous sommes !
Raison n°3 : la géographie du pays
Outre la petite population, la Norvège est couverte principalement de petites localités, où les gens restent parfois habiter une vie entière, entourés des mêmes têtes connues. L’arrivée d’une nouvelle personne est alors perçue automatiquement comme une menace potentielle et créé donc forcément de la méfiance…
Raison n°4 : la culture du non small talk
Il n’est pas facile d’aborder un norvégien. Ils sont très polis, respectueux et parfois souriants, mais n’espérez pas engager une conversation ‘’comme ça’’, pour le plaisir de bavarder en attendant le bus ou à la machine à café. Les norvégiens n’étant pas branchés conversations superficielles (à part peut-être pour parler de la météo !) et étant un peu timides, votre tentative tombera vite à plat. Engager la conversation avec un inconnu peut, au mieux, être déroutant et, au pire, paraître intrusif.
Quelques conseils pour mieux s’intégrer et se faire des amis en Norvège
Conseil n°1 : apprenez la langue !
Ça paraît évident et d’un autre côté comme je l’ai dit, ce n’est pas suffisant. Mais si vous vous cantonnez à l’anglais, vous amenuisez encore davantage vos chances d’intégration. Même s’ils parlent généralement l’anglais mieux que les français, comme nous, ils vont préférer échanger dans leur langue maternelle au quotidien, dans leur vie sociale.
Conseil n°2 (pas le plus politiquement correct, je le concède) : buvez !
C’est bien connu, l’alcool désinhibe ! Les norvégiens, de par leur timidité sans doute, socialisent difficilement sans alcool dans le sang. À l’époque je n’en buvais pas une goutte donc je n’ai pas profité de cet avantage, mais si c’est votre cas, faites-en usage !
Et même si ça ne marche pas, dites-vous que vous aurez fait d’une pierre deux coups en découvrant les bières locales 😉
Conseil n°3 : participez à des activités locales
Inscrivez-vous à autant d’activités que possible, et notamment sportives si c’est quelque chose que vous ne détestez pas. C’est vraiment le meilleur contexte pour faire des rencontres et tisser des liens. Vous pouvez rejoindre un club de randonnée ou de ski de fond par exemple puisque la friluftsliv est si chère aux norvégiens.
Mais vous pouvez aussi vous engager comme bénévole dans des associations : soupe populaire, écologie, protection animale… il y a en a pour tous les goûts.
Il existe aussi une activité à laquelle il est plus que fortement recommandé que vous participiez : le ‘Dugnad’.
Conseil n°4 : osez demander
Demandez ouvertement à vos connaissances norvégiennes de vous faire découvrir certains aspects de leur culture, comme le fameux hyttetur par exemple. Les norvégiens ne penseront certainement même pas à vous le proposer d’eux-mêmes, mais ils seront sans doute très contents d’accéder à votre requête.
Et si on vous invite à quoi que ce soit, même si ça ne vous emballe pas outre mesure, dites OUI, vous ne savez pas jusqu’où ce petit effort pourrait vous mener.
Conseil n°5 (pas le plus simple) : ayez des enfants
La Norvège est très centrée ou construite autour de la famille nucléaire. Y élever ses enfants permet d’être directement intégré à la vie locale via les activités scolaires, les anniversaires et encore une fois, le dugnad. C’est souvent de cette manière que se créent des amitiés entre parents, alors si vous le pouvez, utilisez absolument ce levier.
Conseil n°6 : le speed friending
Jusqu’à très récemment, je ne savais même pas que ce concept en était un ! C’est comme un speed-dating, mais purement amical. Ce n’est bien évidemment pas organisé ni tous les quatre matins, ni dans tous les recoins de la Norvège, mais j’ai eu la chance de me trouver à Oslo récemment sur une date où un speed-friending était prévu.
Alors oui, je sais ce que vous vous dites : c’est gênant, c’est bizarre, c’est artificiel etc… Et je ne peux qu’acquiescer ! Cependant, et ce surtout dans le cadre d’une expatriation, si vous ne voulez pas vous retrouver avec une vie sociale proche du néant, je vous conseille de donner sa chance à cette option. Aussi inconfortable soit-elle.
Tous les participants sont dans la même situation que vous, et tous sont aussi ouverts aux rencontres, donc en vrai, qu’est-ce que vous avez à y perdre ?
Et puis, si votre réticence vient de la langue, ici, même pas besoin de parler norvégien. La moitié des personnes présentes venaient d’autres pays et les norvégiens parlent généralement bien anglais… Plus d’excuses, de l’action !
Alors, si je vous ai convaincu(es), je vous invite à suivre la page Instagram de l’organisme qui organise ces soirées : https://www.instagram.com/speedfriending_/?hl=fr
Conclusion : patience et persévérance
Se faire des amis norvégiens n’est pas une mince affaire mais ce n’est pas impossible.
Soyez conscient que cela prendra du temps et en attendant, familiarisez-vous avec les codes du pays en observant, en vous renseignant grâce à ce blog, sur YouTube et en lisant !
Sur le sujet, je vous conseille [ce livre] et [ce livre] : illustrés, humoristiques et réalistes !
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